Il y a 20 ans
Relations publiques & nouveau millénaire
LE GRAND TOURNANT
Il y a 20 ans, les résultats d’une recherche phare sur la pratique des relations publiques au Québec venaient d’être publiés. Avec nombre de données et une analyse approfondie de l'évolution rencontrée au cours des dix années précédentes, elle exposait un portrait détaillé d’une pratique qui franchissait la modernité à grands pas. C'était en 2004 et les RP étaient en pleine métamorphose.
Ce n’était pas encore l’heure des médias sociaux ni des téléphones intelligents mais les ‘nouvelles’ technologies de l’information transformaient les modes d’intervention qui passaient du 20e siècle à une ère de facilité… On venait tout juste en effet de dire adieu aux télécopieurs et traitements de texte si prisés encore au cours des années 1990.
Une véritable mutation s'était aussi opérée. Auparavant une spécialité largement exercée par les hommes, les femmes en étaient désormais les principales représentantes; avec l’équité de revenu enfin obtenue, un rôle plus affirmé et une ascension professionnelle maintenant possible.
Un bond majeur est aussi observé quant aux préoccupations éthiques alors que seuls 10 % des professionnels affirmaient ne pas connaître le code de déontologie de leur profession, tandis qu'ils étaient près de 60 % dix ans plus tôt. Et plus important encore, la grande majorité soulignait avec force l'importance accordée au respect des règles éthiques dans le cadre de leurs activités professionnelles.
Autre temps également face aux gens sans formation qui usurpent la crédibilité des RP, car les professionnels affichent de plus en plus leurs compétences et valeurs en s'appuyant sur les sciences de l’information et de la communication, l’amélioration continue et les processus mesurables. En outre, plusieurs souhaitent même la création d'un ordre professionnel.
Un grand saut en avant s'est par ailleurs matérialisé dans les priorités professionnelles : la gestion des enjeux, la communication de crise, les relations gouvernementales sont devenues des spécialités spécifiques de plus en plus sollicitées dans l’industrie.
Plus encore, les RP s’installent progressivement au rang de fonction stratégique dans les organisations, marquant un virage de poids quant à la reconnaissance du rôle central des communications dans la prise de parole des organisations dans l’espace public.
Mais le développement durable et les responsabilités sociales des organisations sont encore bien loin de leurs préoccupations. Et seule une infime proportion sait en identifier les rôles et même en reconnaître la pertinence dans leurs responsabilités de communication, soulignant l'importance des efforts qu'ils devront y consacrer.
Cette brève synthèse resterait incomplète sans mentionner aussi que les tout nouveaux baccalauréats en RP −enfin offerts à Montréal et à Québec après de longues années d’attente− ont rempli leur promesse car les jeunes bacheliers, formés aux courants les plus novateurs, arrivent en force, sûrs d’eux et fonceurs.
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Une mine d'informations à redécouvrir. Pour enseignants, chercheurs, étudiants, et plus particulièrement pour les praticiens en relations publiques. Pour mieux regarder devant, bien ancrés dans leurs racines concrètes.
Pour la consulter, il suffit d'un clic à la fin de l'analyse, Les relations publiques au début du nouveau millénaire – Une pratique en route vers son avenir, qui a réexaminé en profondeur cette importante période, en 2020.
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Très attendue au cours de ce grand tournant, cette recherche, suggérée par la SRQ, l’actuelle Société québécoise des professionnel(le)s en relations publiques (SQPRP), avait rallié toutes les associations (IABC QC, Association des communicateurs municipaux du Québec, Alliance des cabinets de relations publiques du Québec (ACRPQ), Forum des responsables de communication du gouvernement du Québec) qui y ont toutes directement contribué : des alliées majeures pour les professionnels qui ont pu mieux définir leurs priorités.
Participer à la création de cette première référence majeure sur la pratique des relations publiques au Québec avec Danielle Maisonneuve, alors titulaire fondatrice de la Chaire en relations publiques nouvellement créée (2001), et notre regretté collègue, André A. Lafrance, fut un véritable privilège pour moi. J'en conserve de merveilleux et très précieux souvenirs.
Nos remerciements renouvelés à l’UQAM pour son soutien tout au long de cette longue démarche et à tous nos collègues au cours de ces années : équipes de la Chaire et du Centre d’études Développement durable, éthique et communications, professionnels, chercheurs, enseignants, étudiants, participants... Les liens soutenus entre milieux professionnel et académique sont une force majeure à entretenir. Cette période en est un éloquent témoignage. Très chaleureuses salutations à toutes celles et à tous ceux qui contribuent à cette vitalité !
Solange Tremblay
Mai 2024